Yves et Louis
Y'a des gens comme ca pour qui j'éprouve un sentiment profond... entre respect ,reconnaissance et admiration.
De ces gens passionnés par leur art et qui feront tout, non pas pour t'en éblouir, mais pour te le transmettre.
j'en ai déjà parlé sur ce blog ou ailleurs, mais je ne peux m'empêcher d'y penser régulièrement.
Yves est un de ceux là.
Sans rien à envier aux compagnons du devoir, il connait tous les petits trucs pour venir à bout d'une construction, de cette technique qu'on appelle "mascheneria", l'art de bidouiller des machines pour fabriquer un bel édifice.
A peine entré sur une ruine, il sentait ses richesses à mettre en avant, ses points faibles à consolider. Il faisait littéralement équipe avec les gars qui, deux ou trois cent ans auparavant, avaient bâti la barraque.
Je me souviens de sa tête le premier jour où je travaillais pour lui, quand je lui demandais dans quel ordre je devais envoyer eau/sable/chaux dans la bétonnière alors que j'étais engagé comme aide-maçon.
D'abord décontenancé puis, presque paternel, Il m'a appris, un à un les gestes du métier.
Grâce à lui et ses coups de pieds au cul, je suis passé d'un niveau de vertige où je ne ne tenais pas debout en haut d'un escabeau , à une certaine aisance en altitude qui me permettais de charrier des brouettes sur une planche de 20 cm de large sur le toit d'une barraque de deux étages.
Grâce à lui, je m'en sortirai plus facilement, si un jour je me dégottes une ruine à retaper, ou un terrain sur lequel je pourrai bâtir. Avec lui, tout y sera passé: des fondations à la toiture, en passant par le décroutage, le jointoyage, les murs en pierres sèches, maçonnées, linteaux, cintres, pierres d'angles à retailler, charpentes à sceller, isolation, conduits de cheminées, etc...
Et puis aussi , il y eut le Louis qui, dans la même consternation que le précédent devait m'apprendre que pour faire du rosé, il ne suffisait pas de mélanger du vin blanc et du rouge (quand j'y repense, j'en rigole encore). Avec lui, j'apprends encore. Depuis la mise en terre d'un plant, de sa taille pour en faire une souche digne de ce nom, de son entretien, comment repérer ses maladies, les façons de les soigner. Et encore, après la récolte, quelques secrets sur la vinification, les assemblages , le respect de la terre, des gens qui la travaillent, le travail qu'on doit fournir sans faillir ni rechigner pour, un jour , en goûter les fruits.
Ces deux là, je ne saurai jamais leur témoigner combien ils m'ont apporté, combien ils m'auront permis de revoir les rapports qu'un salarié peut avoir avec son employeur, tant que ce dernier est un être humain digne de ce nom, et combien mes choix n'auront pas été vains.