Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
INTERDIT AUX NOMADES
17 novembre 2009

roots

Y'a quelques années de ça...
pas si longtemps, et pourtant, quand même un peu,
dans la maison de mes parents, on vivait à quatre générations:
moi et les brothers, mes parents, ma grand mère paternelle, et sa propre mère.

Leur ferme étant vétuste, pas facile à chauffer et lourde en entretien (et sans plus d'activité), ma grand mère et mon arrière grand mère occupaient donc un petit appart aménagé dans la maison de mes vieux.

J'avais ainsi, à disposition, la chaleur de leur foyer pour aller jouer quand bon me semblait,
à bidouiller quelque lego des années cinquante,
ou me plonger dans les yeux translucides (et désormais inutiles) de mon aïeule, en tentant de saisir les histoires jaillies de sa bouche édentée.

Nous nous rendions régulièrement à cette époque à la ferme endormie pour y prendre du bon temps et entretenir les lieux. L'endroit était magique.
Outre le corps de ferme qui jadis avait accueilli le lit de mon père, plusieurs batiments jalonnaient le verger: granges, étables, clapiers, puits, mares, écuries (auxquelles il avait fallut découper le plafond tant le dernier cheval de trait était grand).
De vieilles malles abandonnées, renfermant des trésors de jouets à ressorts, en métal serti comme on en trouve plus que chez les antiquaires, de vieux poêles qui sentaient encore la suie, des meubles sans âge ornés de  dentelles par derrière les vitres, des pieux au sommiers improbables (et par la meme, paradis des trampolineros en herbe), Tout là bas nous ramenait quelques décennies en arrière...autant dire un siècle par rapport à aujourd'hui.
             charette
Puis un jour l'aïeule s'est endormie pour toujours.
Et sa fille s'en est allée (ma grand-mère. Suis! Bordel), brouillée pour d'obscures raisons avec ceux qui les hébergeaient sans rien attendre en retour.
La ferme familiale fut morcelée et vendue.
Ma grand mère acheta une barraque dans-le-sud-où-qu'il-fait-bon-s'chauffer-les-os, et je ne la revis plus.
Pendant près d'une trentaine d'année, je suis passé par pas mal de sentiments à son égard. Depuis l'impression d'être abandonné/trahi par elle de quand j'étais encore môme, jusqu'à la justification des embrouilles d'ados que j'ai pu avoir avec mon père, tout en passant par l'inévitable ressentiment d'avoir permis à cette ferme de devenir un "lotissement" (à prononcer avec de la bile au fond de la gorge).

Mais le temps fit son oeuvre.
Ces dernieres années, depuis que je n'habite plus si loin de chez elle (j''ai meme rasé sa maison, lors d'un rassemblement de motards, mais j'ai craint de lui faire peur en m'arretant avec une centaine de pouilleux avinés)... ces dernieres années donc, j'aurai presque souhaité la rencontrer, pour mettre les choses au point, et pourquoi pas pardonner pas mal de choses.

Mais comme dit l'autre, "le temps est assassin" et ma grand mère trop vieille s'en est allée ces derniers jours.

Clôture définitive d'une époque.

Publicité
Publicité
Commentaires
M
C'est celui qui dit qui est! ;)
B
Merci Mam'zelle.<br /> Vous mettez des mots sur mon sentiment profond.
M
Ce que les murs peuvent contenir de souvenirs imprimés... Laisser derrière soi ces supports de pierre et de bois, et conserver les reliques sur la trame de la seule mémoire humaine, fragile. Amer abandon.<br /> Ce texte est très touchant... :)
B
Celà dit, longue vie au p'tits bouts (r'geons)qui poussent et viennent prolonger de vieilles branches.<br /> Bouj' à Bec et Lil Marley.
B
Bah t'es là toi?!<br /> Ben ouais, comme tu l'aura appris, sans doute, la Mémé est partie, mettant un terme à ces histoires de vieux.<br /> Me v'la orphelin de la génération de mes grand- parents.<br /> Ca parait rien, mais quand meme. Des liens se retissent après pas mal d'incompréhension... tout ca quoi.
INTERDIT AUX NOMADES
Publicité
Archives
Publicité